HUNAUDIERES - rien que ce nom provoque peur et excitation dans la tête des pilotes.
Avant la mise en place en 1990 des chicanes "Playstation" et "Michelin" (respectivement "Toyota" et "Carte S"), la ligne droite des Hunaudières était pure. Presque 6km à bloc, pendant une minute pour les plus rapides.
Dans les années 80 la recherche de la vitesse optimale devenait primordiale pour les équipes. En 1988, les Ponts et Chaussées ont même applani légèrement la route nationale, améliorant la vitesse des voitures.
Sur cette vidéo une Porsche 962 (pour moi ce serait plus une 956 j'ai un doute. Je demande confirmation auprès du Porschiste Nic) rend compte de la vitesse.
Les voitures dépassent 350km/h facilement pour certaines et chaque années elles sont de plus en plus rapides. Mais la barre psychologique des 400km/h parait assez lointaine.
WELTER & MEUNIER
Ces deux noms ne vous dites peut être rien (bandes d'ignorants !) mais c'est un monument de l'endurance français.
Gérard Welter et Michel Meunier sont deux amis travaillant au centre de design Peugeot de La Garennes-Colombes. Nous sommes fin 1960, la marque au Lion n'est pas sur les circuits et ne possède même pas dans sa gamme de model sportif...
Alors avec quelques acolytes ils décident pendant leurs temps libres de construire une voiture de course. La P69 est née : issu d'une 204 cabriolet, la belle fera plusieurs courses cette année là - Dijon, Monthléry, les 1000km de Paris et quelques étapes aux USA.
En 1970, la P70 (premier prototype) voit le jour et fait même une apparition lors des essais du Mans. Elle est construite pour ce type d'épreuve. Car tous les deux rêves du Mans.
La réglementation du Mans change et c'est en 1976 que les compères réalisent leurs rêves en ayant une de leurs voitures présentent au Mans, la P76. Équipé d'unmoteur Peugeot de 604 elle abandonnera à la 16è heure de course.
1977 - Ils ont deux voitures engagés la P76 finira seconde derrière l'Inaltera en catégorie GTP. Dans le même temps ils essayent sur une P77 l'adjonction d'un turbo.
Les ambitions grandissent et Peugeot garde un œil sur les performances de l'équipe, l'objectif est de gagner Le Mans. La P78 Turbo aura un accident, la P77 aura un embrayage HS alors que la P76 avec un équipage féminin rendra l'âme à la 19h (joint de culasse).
1979 - Trois P79 Turbo au départ, une seule à l'arrivée mais la bonne puisqu'elle sera la dernière de la catégorie GTP, donc victorieuse. (14è au général)
Peugeot soutient définitivement Welter & Meunier dans leurs démarches. Pas de victoires cette fois-ci mais une seconde place en GTP pour l'une des P79/80 qui sera 4è au final.
Peugeot cautionne et s'affiche clairement au côté de W&M. Quatre autos (deux en Groupe C et deux en IMSA-GTP). Mais 1981 fut gravé dans la mémoire pour la première apparition d'une Pace-Car - 29 minutes de neutralisation de course. Thierry Boutsen sur l'une des W&M courant en Groupe C sort de la route au Hunaudières, à 350km/h. Il fauche trois commissaires, un mort et deux blessés graves. Une heure après c'est Jean-Louis Lafosse qui perd la vie au début de la ligne droite. 4è place en IMSA-GTP pour la N°5, les autres étant hors-course.
1982 - deux voitures qui ne verront pas la ligne d'arrivée (accident et abandon).
1983 - Peugeot se retire petit à petit de l'équipe, leur nom n'est visible que sur l'aileron de la Welter & Meunier.
1984 - L'équipe perd en performances depuis quelques années. La 4è place en qualif permet à Roger Dorchy de se hisser pendant le premier tour en tête. La voiture passe donc devant des millions de téléspectateurs, énormes pubs pour W&M. Les deux protos ne finiront pas.
1985 - Trois voitures en qualif, deux en course ! Erreur grossière puisqu'a la pesée l'une des voitures sera trop légère...
C'est la débandade dans l'équipe. Sur les deux une seule finira, et à la 17è place.
1986 - Refonte du Team Les vitesses des protos prennent une nouvelle dimension approchant les 380km/h. Welter & Meunier ne suivent pas du tout et ont quelques problèmes financiers. Deux voitures dans deux catégories. La première abandonne tandis que la seconde finira 3è du groupe (12è au général).
1987 - Arrivée de Gérard Clabaux, soutient d'Heulliez. C'est une équipe de passionés bénévoles qui construisent la P87. Non-homologué mais ce proto aurait claqué un 416km/h sur une autoroute fermée du côté de Reims ! Pour Le Mans l'une des deux voitures réalisera un 382km/h malgré un moteur bridé. 1988 sera la bonne...
1988
Comme je l'ai dit auparavant, les Ponts et Chaussés ont aplani une partie des Hunaudières à l'aide du laser, en résulte un accroissement des vitesses de pointes.
Peugeot au courant de l'objectif de ses employés se remet sur l'aileron arrière des voitures.
La P87 abandonnera à la 5è heure sur casse transmission, mais la P88 elle, a une autre mission et ce n'est pas grave si elle ne termine pas. Elle doit juste franchir 400km/h.
Aidé par Heulliez et son équipe W&M étudie l'aérodynamisme à fond : entrées d’air de petit diamètre sur le nez de la voiture pour l’amener aux échangeurs latéraux par un conduit interne à l’intérieur de la carrosserie. Extracteur d’air installé sur le toit de l’auto. Aileron très plat permettant d’optimiser l’écoulement de l’air interne sur l’auto. Seulement 4m50 de long, éliminant tout ce qui a de possible et d'autorisé pour avantager le lourd moteur à double turbo.
La N°51 sera retardée dans sa tentative pendant la course par des soucis mécaniques (refroidissement, boitier électronique...). Un 391km/h est enregistré un peu avant 21h par Roger Dorchy. Le tour suivant est le bon : 405km/h !!! Le radar de la gendarmerie s'affole...
Certains évoquent 407 ou 409km/h mais sous ordres de Peugeot qui allait dévoiler sa 405 il fallait un coup marketing. Qui croire ?